Les Groupes de réflexion d’Athéna

Les Groupes de réflexion d’Athéna  (GRA) entendent contribuer à la réflexion stratégique en France et souhaitent être force de propositions pour accompagner la prise de décisions des décideurs publics et privés, d’aujourd’hui et de demain. Avec des regards croisés indépendants, ils constituent un des éléments forts de visibilité, de reconnaissance et de légitimité de notre association. 

Participer à un groupe de réflexion est un engagement sur le temps long, pour plusieurs mois, ponctué de réunions périodiques, de recherches documentaires et d’entretiens. Il débouche sur la rédaction d’un rapport final et d’articles en lien avec ce dernier.

Il s’agit d’une opportunité pour rencontrer des experts de haut niveau, être force de propositions et participer à des événements afin de valoriser les réflexions portées par les membres de l’association, à travers les GRA.

Les GRA sont une belle aventure : ils participent du rayonnement de notre association, de la communauté IHEDN et, plus encore, de l’Esprit de défense !

A la suite du récent appel à propositions de sujets pour un groupe de réflexion d’Athéna 2026, le comité éditorial a retenu une première liste, ci-après, comme appel à participation .

La liste ci-dessous décrit le premier cadrage des sujets retenus, qu’il appartient aux groupes constitués de préciser et d’aménager éventuellement.

Ces rapports sont publiés et présentés aux Entretiens Armement et Souveraineté annuels.

Pour le comité éditorial de AED/SNC-IHEDN, Jacques BONGRAND (CHEAr 25e)


Les rapports issus des travaux des Groupes de réflexion d’Athéna  sont en ligne sur notre site Internet. Ils sont consultables gratuitement dans la rubrique « Rapports de GRA ».

Groupes de réflexion 2026

Géostratégie et souveraineté, Armement, cybersécurité et technologies, Économie.

Sujet 1 : Comment progresser concrètement vers une autonomie numérique, nationale ou européenne ?

Le numérique est présent dans tous les aspects de nos vies et est devenu un pilier essentiel des services aux citoyens, du fonctionnement de l’État et des opérateurs de services critiques pour la nation ainsi que des services liés à la sécurité nationale et aux armées. Dans les années à venir, c’est vraisemblablement la maîtrise de l’intelligence artificielle qui déterminera la puissance aussi bien sur le plan économique que militaire. Une évolution majeure associée est le recours croissant à l’informatique en nuage (« cloud »), c’est-à-dire l’utilisation de serveurs distants hébergés dans des centres de données connectés à Internet qui apporte des bénéfices essentiels, notamment une puissance de calcul indispensable à l’entraînement et à l’emploi de l’intelligence artificielle.

Or dans ces domaines les acteurs européens sont dans une situation de dépendance, notamment vis-à-vis de grandes entreprises américaines, dans un monde où les fournisseurs de services à distance sont principalement américains (et bientôt chinois), les logiciels essentiellement développés aux États-Unis, et les processeurs conçus aux États-Unis et fondus en Asie, en utilisant des matières premières provenant en grande partie de Chine.

Questions :

• Comment utiliser les meilleures technologies et les meilleurs services à distance pour devenir plus efficace toute en assurant une autonomie stratégique ? Quels éléments d’autonomie numérique est-il essentiel d’une part, réaliste d’autre part, de viser aux plan national et européen ?

• Comment alimenter en conséquence le débat public et quelles recommandations proposer aux décideurs français ou européens ?

• Comment l’Europe pourrait-elle mieux faire entendre sa voix dans l’élaboration des normes et standards techniques de ce domaine ?


Géostratégie et souveraineté, Économie de défense.

Sujet 2 : Aujourd’hui, quelle Europe promouvoir et comment développer de petites entreprises innovantes ou des technologies à bas coût pour renforcer nos capacités de défense ?

Le conflit ukrainien a fait ressortir différents facteurs, souvent observés antérieurement, de nature à affaiblir les capacités de défense européennes : un développement de l’individualisme et de la recherche de confort au détriment du sens civique et de l’esprit de sacrifice ; une volonté de beaucoup de s’en remettre à l’OTAN et aux États-Unis pour assurer leur sécurité ; des atouts industriels historiquement concentrés sur des armements traditionnels et un retard dans des technologies essentielles pour l’avenir ; des modes de coopération qui contribuent à la complexification et à l’augmentation des coûts, associés à une priorité exagérée donnée par les États à la protection de leurs champions nationaux ; peut-être une certaine lenteur d’adaptation… Tandis que la France ne semble plus montrer en matière d’armement la capacité à fédérer d’autres pays autour d’elle dont elle a pu faire preuve il y a quelques dizaines d’années.

Face à ces difficultés, il importe de mener une réflexion d’ensemble qui nécessite d’envisager une inflexion par rapport aux orientations de la construction européenne constatées ces dernières années.

Questions :

• Pour quoi, contre qui et avec qui sommes-nous prêts à nous battre ?

• Quelle évolution politique prévoir pour l’Union européenne ? En dehors de celle-ci, quels périmètres d’alliance ou de coopération envisager ?

• Quels sont les atouts technologiques, les freins psychologiques, les objectifs des principaux États partenaires potentiels ?

• En Europe, quelle place pour les entreprises petites, moyennes ou intermédiaires ? Comment les soutenir, développer leur contribution à la défense et leur réactivité ?

• Comment développer et utiliser au mieux les technologies à bas coût ?


Armement, cybersécurité et technologies, Éthique et armement.

Sujet 3 : Quelle place pour l’automatisation des systèmes d’armes et l’assistance par intelligence artificielle aux décisions intéressant la défense ?

Depuis plusieurs années, dans divers cadres internationaux, sont menées des discussions dans la perspective de l’élaboration, puis de la ratification d’une convention ou d’un traité visant à contrôler ou interdire l’emploi des systèmes d’armements létaux autonomes, qualifiés de « robots tueurs » ou plus généralement l’emploi de l’intelligence artificielle (IA). A contrario, les conflits récents ont montré un emploi massif d’artillerie, de missiles et de drones, dont le guidage terminal (pour l’identification ou la sélection de la cible) était en tout ou partie automatisée, sans contrôle humain ultime.

À un autre niveau, L’intégration d’intelligence artificielle dans les processus décisionnels civils et militaires représente une transformation majeure. Les systèmes d’aide à la décision basés sur l’IA promettent d’accélérer le cycle décisionnel, d’améliorer l’exploitation de volumes massifs d’information et de révéler des corrélations invisibles. Leur déploiement dans des contextes où les erreurs ont des conséquences gravissimes soulève des questions sur l’allocation de responsabilité, la préservation de l’autonomie humaine et les risques d’automatisation excessive. Or les « aides à la décision » de commandement assistées par IA se développent, pour la planification, la conduite, le retour d’expérience. Elles pourraient conduire à la mise en action autonome d’armements.

Au plan technique, les architectures hybrides (à distance-local) constituent probablement la voie d’avenir, combinant puissance distante et autonomie locale, mais leur conception pose des défis d’intégration considérables.

Questions :

• Quel niveau d’automatisation ou d’assistance par IA acceptable selon les types de décision ?

• Quelle tendance (développement, limitation, réglementation) prévoir pour l’avenir, à la fois dans la conception/réalisation et dans l’emploi de tels systèmes, en fonction des avantages et des risques, dans un cadre national, européen ou international ?

• Quelles limites des systèmes actuels en fiabilité, explicabilité, gestion de l’incertitude ? Comment concevoir des systèmes hybrides optimisant performance, résilience et souveraineté ? Quels critères pour répartir entre fonctions locales et à distance ?

• Quelles conséquences sur les « fonctions stratégiques » de la Revue nationale stratégique : connaissance-compréhension-anticipation, dissuasion, protection-résilience, prévention, intervention et influence ?• Comment former les décideurs à travailler avec des assistants IA tout en développant l’esprit critique ?

• Comment faire pour que les processus juridiques, en particulier le traitement des coupables et des victimes de conflits ou les normes du droit international humanitaire, restent dominés par l’humain ?


Armement, cybersécurité et technologies, Économie de défense.

Sujet 4 : Quelle architecture décentralisée pour l’intelligence artificielle en matière de défense ?

La dépendance aux infrastructures centralisées d’informatique en nuage crée une vulnérabilité stratégique. Les scénarios de destruction ou déni d’accès aux centres de données imposent de repenser l’architecture des systèmes d’information militaires. Les conflits récents montrent que les premières heures d’engagement se caractérisent par des tentatives de neutralisation des systèmes de commandement. Face à ces risques, les architectures distribuées sont une voie pour améliorer la résilience, combinant décentralisation géographique, autonomie fonctionnelle et reconstruction dynamique.

Par ailleurs, les avancées en compression de modèles d’intelligence artificielle et d’optimisation algorithmique permettent leur déploiement sur des équipements limités fonctionnant sans recourir à des services distants. Cette évolution ouvre des perspectives stratégiques : exploiter les capacités de l’IA tout en préservant la souveraineté sur les données sensibles et la continuité en environnement dégradé.

Les modèles de petite taille réseaux neuronaux optimisés et les techniques de quantification permettent d’utiliser l’intelligence artificielle pour le traitement de documents classifiés, l’assistance à la décision tactique ou l’automatisant de tâches administratives sur des postes sécurisés déconnectés. Cette approche favorise simultanément souveraineté numérique, sécurité opérationnelle et réduction des coûts.

Questions :

• Quelles fonctions critiques décentraliser, selon quelles architectures distribuées ?

• Comment dimensionner et sécuriser des nœuds autonomes en conditions opérationnelles diverses ?

Quelles capacités de traitement local nécessaires et comment les miniaturiser ? Quels protocoles de synchronisation pour rétablir la cohérence après un fonctionnement déconnecté.

• Comment assurer la chaîne de confiance dans un environnement distribué ? Quel modèle économique pour développer des architectures distribuées souveraines ?

• Quelles capacités et limites des agents IA de petite taille en performances, fiabilité et domaines d’application ? Quels cas d’usage militaires et gouvernementaux prioritaires (aide à la décision tactique, analyse du renseignement, gestion logistique, traitement administratif) ?

• Quelles architectures adaptées aux contraintes de la défense ?

• Comment structurer l’entraînement à des tâches sensibles en respectant la compartimentation ?


Armement, cybersécurité et technologies, Économie de défense.

Sujet 5 : Comment maîtriser la multiplication des drones et de leurs usages civils ou militaires, en organisant au mieux la coopération entre les différents acteurs ?

Le conflit en Ukraine a illustré le continuum entre drones civils et militaires. Des plateformes commerciales modifiées pour usage militaire côtoient des technologies de défense trouvant des applications civiles.

Par ailleurs, la prolifération des drones commerciaux favorise les utilisations malveillantes, en dehors des guerres conventionnelles, par des acteurs non étatiques, organisations criminelles ou groupes terroristes. Les incidents se multiplient : tentatives d’assassinat, attaques d’infrastructures sensibles, largages en milieu carcéral, déstabilisation lors d’événements majeurs. Dans un écosystème mondialisé, les implications opérationnelles en défense et en attaque, l’absence de cadre juridique unifié et la fragmentation des responsabilités sont sources de vulnérabilités exploitées avec une sophistication croissante.  

Questions :

• Quelle typologie établir des acteurs et des usages, des modes opératoires et des cibles ?

• Comment adapter les doctrines d’emploi militaire et architecturer les systèmes anti-drones face à la prolifération de systèmes performants et peu coûteux ?

• Quelles technologies de détection, identification et neutralisation pertinentes avec les contraintes juridiques du temps de paix ? Comment former et équiper les premiers intervenants ?

• Quelle typologie des technologies de drones selon leur degré de dualité, civil-militaire ? Quel modèle économique pour maintenir une base industrielle et technologique de défense compétitive dans ce contexte de dualité accrue ?

• Quelles mesures de contrôle envisager ? Quelles évolutions législatives nécessaires pour neutraliser les drones menaçants en préservant les libertés publiques ?

• Comment structurer la coopération entre les acteurs concernés ?


Géostratégie et souveraineté, Éthique et armement.

Sujet 6 : Impacts des dispersions de personnes à travers le monde en matière de sécurité et de défense

La mondialisation heureuse a favorisé les mouvements de biens et capitaux, mais également ceux des personnes à travers le monde.

Des catastrophes climatiques, des guerres et des menaces idéologiques ont également provoqué des migrations plus ou moins massives.

Ces diasporas se sont souvent regroupées communautés, fondées sur la nationalité, la religion, la culture/langue, les activités économiques ou professionnelles…

Elles ont conservé des liens avec leur famille et leur pays d’origine, facilités par les moyens modernes de télécommunication.

Questions :

• Quels impacts ces diasporas ont-elles en matière d’influence (5ème fonction stratégique introduite dans la revue nationale stratégique de 2022) ?

• Quelles conséquences, positives ou négatives, sur les relations entre les Etats d’origine et d’accueil ?

• Quels risques pour la sécurité dans les Etats d’accueil (regroupements communautaires, confrontations, importation de conflits…) ?

• Comment gérer au mieux ces phénomènes, au plan national ou international ?


Géopolitique et souveraineté, Économie de défense.

Sujet 7 : Tirer de l’exemple de la Corée des perspectives pour l’Ukraine ?

Rappelons que l’existence de deux Etats coréens résulte du partage de l’occupation de la péninsule entre les Etats-Unis et l’Union soviétique après la seconde guerre mondiale. Entre 1950 et 1953 l’armée

du Nord envahit le Sud et fut finalement repoussée à l’issue d’un conflit où elle était soutenue par l’Union soviétique et la Chine, face à une intervention militaire de forces de l’ONU fournies principalement par les Etats-Unis, complétées par l’assistance de vingt autres pays. Par la suite, les deux pays étant encore officiellement en guerre, des incidents ont continué de se produire. Cependant, des échanges humains et économiques existent malgré les tensions. Par ailleurs le développement économique de la Corée du Sud est bien supérieur à celui de la Corée du Nord, laquelle s’est dotée de l’arme nucléaire.Cet exemple peut être mis en parallèle avec la situation de l’Ukraine, redevenue en 1991 indépendante de la Russie, cette dernière ayant de plus signé en 1994 (avec les Etats-Unis et la Royaume-Uni) le mémorandum de Budapest garantissant la sécurité de l’Ukraine en échange de la renonciation à son arsenal nucléaire. Dans les années qui ont suivi, l’Ukraine a été marquée par l’opposition entre une partie de la population attachée au passé soviétique et une partie désireuse de se rapprocher de l’Europe : cette dernière l’a globalement emporté en 2004 (« révolution orange ») et en 2013-2014

(« révolution de Maïdan »). Il s’est ensuivi en 2014 le rattachement de la Crimée à la Russie et l’intensification des affrontements entre pro-ukrainiens et pro-russes dans le Donbass, qui se sont poursuivis malgré les accords de Minsk. En février 2022 les forces russes ont entrepris d’envahir l’Ukraine, soutenue selon des modalités variables, principalement par les Etats-Unis et l’Union européenne.  

Questions :

• Quels sont les facteurs déterminants des différences entre les réactions internationales à l’attaque de la Corée du Sud en 1950 et à celle subie par l’Ukraine depuis 2022 ? Quelles conséquences en tirer ?

• Quelles actions recommander au niveau de l’Union européenne ou de la France pour mettre fin au conflit en Ukraine dans les meilleures conditions possibles ?

• Dans quelle mesure les pays européens bénéficient-ils aujourd’hui des réalisations de la Corée du Sud et de leurs relations avec celle-ci dans les domaines de l’économie et de la défense ?

Quelles relations est-il souhaitable et réaliste de viser à moyen terme entre l’Union européenne et l’Ukraine d’une part, la Russie d’autre part ? Quelles mesures proposer pour favoriser une évolution dans ce sens, notamment dans le champ de l’information et de la communication ?


Groupes de réflexion 2025

Géostratégie et souveraineté


Sujet 1 : Au regard de l’attitude des États-Unis, quelle souveraineté pour la France et quels cadres d’alliance ou de coopération privilégier ? (Intervenant
  Philippe Mahieux)

La situation aujourd’hui aux États-Unis oblige à envisager sérieusement l’éventualité d’un repli plus ou moins prononcé de ce pays au regard de ses engagements internationaux. Ce repli pourrait même se traduire par un retrait de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord partiel ou total, brusque ou progressif, unilatéral ou négocié.

Un ensemble de difficultés techniques, industrielles, opérationnelles et politiques seraient alors à affronter.  Car c’est avant tout sur cette alliance que la plupart des États européens, sinon tous, comptent pour assurer leur défense dans les cas extrême.

Dans ce contexte, la question de la souveraineté ou de l’autonomie de la France se pose avec une acuité accrue. 

Questions :

Dans l’hypothèse où les États-Unis amoindriraient leur participation à l’OTAN, l’adaptation qui s’imposerait aux pays européens poserait de multiples questions :

  • Ensemble ou séparément ?
  • Avec le Royaume-Uni ou entre Continentaux ?
  • Avec tous les vingt-sept ou sans certain(s) d’entre eux ?
  • Sous la forme d’une coalition ou sous une forme plus intégrée ?
  • Avec les installations actuelles de l’Otan ?
  • En gardant quelles relations avec les États-Unis ?
  • Dans le cadre de l’UE ou dans une autre formation ?
  • En s’appuyant sur une (ou deux) forces de dissuasion nucléaire ?


Armement et technologies, Économie de défense

Sujet 2 : Dans un monde incertain, à quels scénarios se préparer pour l’industrie de défense, en France ou en Europe ? (Intervenant  Saad Aqqejaj)

L’évolution de l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis de l’OTAN susceptible de résulter des dernières élections constituerait pour les pays européens un défi majeur, s’ajoutant à d’autres ruptures récentes : Brexit, résurgence de la menace russe, intérêt croissant de l’Allemagne pour la défense, montée en puissance des pays du Sud…

Toutes ces transformations imposent de considérer différentes échelles de temps. Il s’agit d’une part de s’appuyer sur une vision à long terme, d’autre part d’être capable de faire face rapidement à des bouleversements imprévus. Le concept d’économie de guerre, qui suppose entre autres une adaptation des procédures administratives, a notamment été évoqué.

Parmi les différents acteurs, l’industrie de défense est concernée à la fois par les types d’affrontements et les rapprochements de toutes natures à prévoir, dont résulteront les capacités à développer et les conditions de réalisation des équipements nécessaires. Quelles que soient les incertitudes, il est certainement utile d’identifier les scénarios auxquels il importe de se préparer sans tarder.

Questions : 

– Quelles relations prévoir avec les Etats-Unis en matière d’achat d’armement ?

Pour la base industrielle et technologique nationale ou européenne :

– Quels niveaux souhaitables de production courante ?

– Comment construire et maintenir une capacité à monter rapidement en puissance (par exemple doublement ou quadruplement des productions) en cas de niveau de menace accru, quel délai possible ?

– Intérêt et inconvénients d’un rapprochement des industries encore éparpillées par pays pour faire face aux urgences nationales et européennes, ainsi que pour subsister internationalement face aux industries américaines et autres ?

En conséquence :

– Quels niveaux budgétaires nationaux et ou européens nécessaires pour atteindre le niveau capacitaire estimé approprié ou politiquement souhaité ?


Géostratégie et souveraineté


Sujet 4 : La question nucléaire aujourd’hui

Une étude sur la question nucléaire après la guerre Russie-Ukraine a été entreprise en 2023 et doit se poursuivre en 2025. L’arrivée de nouveaux participants apparaît aujourd’hui souhaitable et le sujet pourrait être enrichi en ce qui concerne les risques de prolifération. (Alain Crémieux)


Depuis des années maintenant, les experts du nucléaire réfléchissent en s’appuyant sur une situation stable : neuf pays dotés d’armes nucléaires depuis l’accession au club de la Corée du Nord, un candidat proche du seuil (l’Iran), alors que huit états ont eu l’ambition d’accéder à l’arme nucléaire, mais y ont renoncé volontairement, ou sous une forte pression extérieure. Aucune percée technologique majeure (sauf peut-être l’hypervélocité et les planeurs orbitaux), pas de prolifération importante dans les Sous-Marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE), pas de nucléarisation de l’espace et pas de gesticulation nucléaire de la part des neuf membres dudit club (sauf un peu la Corée du Nord).

Les pays nucléaires ont pu perdre ou gagner des guerres, mais sans que leur arsenal nucléaire ait joué un rôle (États-Unis en Afghanistan ou en Irak, Israël au Liban, Russie en Géorgie ou en Crimée, France au Mali ou en Libye…).

Au cours de « l’opération militaire spéciale » menée en Ukraine par la Russie, celle-ci n’a pas employé l’arme nucléaire, du moins jusqu’à présent, mais a fait de la gesticulation et évoqué sa capacité nucléaire. 

Questions :

  • Cela change-t-il l’équation nucléaire de notre monde ?
  • Et cela change-t-il celle de notre pays ?
  • La France doit-elle maintenir sa capacité nucléaire sans changement : deux composantes, l’une aéroportée, l’autre sous-marine ? 
  • Doit-elle aussi maintenir son discours fondé sur la défense des intérêts vitaux (et leur définition laissée dans le vague volontairement) et sur l’ultime avertissement ?
  • Quel risque que de nouveaux Etas tentent aujourd’hui de se doter de l’arme nucléaire et que faire pour l’éviter ?


Armement et technologies, Économie de défense.

Sujet 5 : Quel avenir pour les entreprises de services de sécurité et de défense ? (Gérard Dugard)


Les ESSD, entreprises de services  de sécurité et de défense (terme utilisé en France) : les mercenaires modernes.

Le mercenariat a été, suivant les époques, une composante plus ou moins importante des forces armées des Etats, quelquefois avec une connotation négative.

Sa forme moderne s’est développée notamment lors de la guerre américaine en Iraq, avec les sociétés militaires privées (SMP), telles que Blackwater ou autres.

Depuis, d’autres pays, comme la Russie (avec Wagner), déploient de telles sociétés à l’étranger, ce qui leur permet une présence ou une intervention sans une implication directe de leurs propres armées. 

Leurs activités se sont étendues au domaine cyber (« hacking », usines à trolls…).

Des brigades de volontaires étrangers sont présentes dans certains conflits.

De nombreuses entreprises multinationales font appel à des sociétés de sécurité privées pour protéger leurs infrastructures et leurs personnels à l’étranger ou en mer. C’est en particulier le cas de la Chine (安 保), en Afrique.

Dans plusieurs pays existent des milices ou des groupes paramilitaires constitués, licites ou illicites (mafias, terroristes…), autonomes ou soutenus par des Etats, auxquels les armées conventionnelles sont confrontées.

Questions :

Quel devenir pour ces entités, défensives ou offensives, non étatiques (non régaliennes), en particulier dans les conflits asymétriques ou hybrides ?

De quelles armes disposeront-elles, notamment dans le cyberespace et l’information ?

Quelle position vis-à-vis du droit international ?

Quelle place pour des ESSD françaises ou européennes ?

Groupes de réflexion 2024

Géostratégie et souveraineté

Sujet 1 : Un nouvel ordre du monde: quelle évolution des institutions internationales pour la défense (Intervenant Gérard DUGARD )

Le démantèlement de l’Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie avaient pu faire croire à la « fin de l’Histoire » (Fukuyama), marquant la victoire de la démocratie et du libéralisme.

En ce premier quart du XXIème siècle, des puissances établies ou émergentes contestent, y compris par la force, une organisation et une gouvernance du monde dominées par « l’Occident» (au sens large, y compris Japon, Australie…), entraînant d’autres États du « Sud global». 

Elles promeuvent un nouvel ordre mondial, en proposant des alternatives aux institutions actuelles.

Ce mouvement est illustré par des événements tels que le partage des positions prises par les États membres des Nations Unies sur le conflit en Ukraine et, plus récemment, sur la situation à Gaza; le retrait de la Russie, en juin 2023, du traité sur les forces conventionnelles en Europe; l’accord des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), en août 2023, pour intégrer six nouveaux pays: Arabie saoudite, Argentine, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Iran.  

Questions:

  • Quels enseignements tirer du fonctionnement des institutions actuelles dédiées à la sécurité internationale ?
  • Dans le contexte attendu de cette recomposition et réorganisation du monde, au-delà des aspects purement politiques et économiques, quelles évolutions prévoir ou proposer en matière de défense (organisations multi et internationales ou régionales, alliances, coalitions, partenariats stratégiques, accords de défense bilatéraux…) et d’armement (coopération, interopérabilité, exportation, contrôle, désarmement…) ?
  • Plus particulièrement, quelle place pour la France ou l’Europe ?


Économie de défense

Sujet 2 : Avenir d’une Europe de la défense dont les intérêts peuvent ne pas coïncider avec ceux des États-Unis (Intervenant Saâd AQEJJAJ )

L’avenir de l’Europe de la défense a fait l’objet de nombreux travaux, mais reste une question stratégique d’une grande complexité, objet de nombreuses controverses et soumise à l’influence des événements qui se succèdent.

Ce concept d’Europe de la défense ou de défense européenne, pour lequel il n’existe sans doute pas aujourd’hui de définition communément admise, a du mal à se concrétiser. De nombreux pays européens comptent essentiellement sur l’Alliance atlantique et la puissance militaire des États-Unis pour assurer la défense de l’Europe.

Les travaux sur la boussole stratégique (document stratégique de l’Union européenne à l’horizon 2030,) avaient été lancés dans la période d’incertitude qu’avait suscité le précédent président des États-Unis en remettant en cause la garantie de sécurité que l’OTAN procure au territoire européen. 

Les alliés européens de l’OTAN semblent aujourd’hui rassurés par le président actuel et la réaffirmation de la couverture de l’OTAN, si bien que leurs ambitions pour la sécurité de défense européenne sont devenues moins évidentes.

Pour autant, les prochaines élections présidentielles américaines pourraient provoquer un retour vers les positions antérieures. Plus généralement, les intérêts stratégiques des Etats-Unis ne coïncident pas toujours avec ceux de l’Union européenne, alors que des crises sont aujourd’hui à nos portes avec les conflits en Ukraine et au proche Orient. 

Questions

  • Quelles marges de marges de manœuvre et d’autonomie en matière de sécurité et de défense l’Union européenne doit-elle s’attacher à conserver pour la gestion de crise ? Quelles priorités retenir et quelle coordination avec l’Alliance atlantique ?
  • Dans quelle mesure l’Union européenne peut-elle s’affranchir des contraintes d’approvisionnement de ses équipements militaires auprès de pays extérieurs? 
  • Quelles mesures prendre en conséquence pour développer sa base industrielle et technologique de défense ?


Armements et technologies

Sujet 3 : Comment mieux assurer la sécurité des satellites français ou européens (Intervenant Alain CRÉMIEUX / Correspondant 3AED ) 

La France, et plus généralement l’Union européenne, disposent d’une importante infrastructure spatiale, vitale en particulier pour des applications de sécurité et défense. Par ailleurs, on constate un nombre croissant d’agissements suspects, dangereux voire hostiles dans le voisinage des satellites, ce qui conduit à embarquer sur certains satellites et utiliser au sol des moyens de perception de leur environnement proche.

À cet égard, le rapport d’un groupe de réflexion d’Athéna présenté en 2020 concluait notamment que « l’arsenalisation » de l’espace est un événement majeur dans l’histoire des conflits, qu’il est possible de rendre nos satellites résilients (jusqu’à un certain point) et que dans le programme « maîtrise de l’espace » qui se met en place des études technico-opérationnelles sont nécessaires et urgentes.

Il s’agit maintenant de réfléchir plus concrètement aux éléments d’une doctrine de défense spatiale.

Questions:

  • Comment définir les zones autour d’un satellite sensible où le rapprochement d’un objet manœuvrant sera jugé potentiellement 1. Suspect, 2. Dangereux, 3. Hostile (probablement différentes selon les satellites et leurs orbites) ?
  • Quels sont les moyens disponibles/à développer pour détecter une intrusion dans chacune des zones précédentes
  • Quelles devraient être les réponses à apporter à une intrusion dans chacune des zones précédentes (éventuellement fonction de la menace crainte) ?

Quels sont les capacités ou armements, disponibles/à développer pour satisfaire ce besoin opérationnel?

Sujet 4 : Impact de l’intelligence artificielle sur les besoins, les comportements et les systèmes d’armes (Intervenant Sylvain DELAITRE 

Alors que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient relancent la réflexion stratégique sur les modes de combat terrestres, navals, et aériens; alors que la guerre de l’information bat son plein; alors même que l’efficacité de la dissuasion nucléaire est remise en question, une nouvelle révolution se prépare: il s’agit de l’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans tous les champs des activités humaines.

Cette révolution attendue impose une réflexion sur le besoin en nouvelles capacités et infrastructures, l’énergie et l’arbitrage sur les ressources, le comportement des usagers, la nécessité de nouvelles régulations et d’un guide des bonnes pratiques.

Par exemple, la simple observation de la courbe de progression des trois derniers modules de « ChatGPT » (on passe d’un modèle de 100 000 paramètres à un modèle à 3000 milliards de paramètres en seulement un an de développement !) laisse attendre une augmentation tendancielle très importante de la consommation électrique associée. Sachant qu’il y environ 4,5 milliards d’utilisateurs réguliers de l’Internet, que se passera-t-il si une partie significative de ces utilisateurs font plusieurs requêtes «ChatGPT » par jour ?

Dans le domaine des affaires militaires, l’IA combinée à d’autres technologies désormais matures (drones, missiles hypersoniques, armes à énergie dirigée, etc.) bouscule nos certitudes stratégiques, notamment en matière de dissuasion nucléaire.

Questions:

=>  Au plan général:

Faut-il prévoir des limites physiques à l’utilisation de l’intelligence artificielle? Quelles pistes pour des alternatives: régulation forte? Jetons d’utilisation ? Nouvelles architectures et infrastructures ? Nouvelles méthodes d’apprentissage? Réseaux «pseudoneuromorphiques » gravés? Réseaux de «Memistores» ? …

=>  En matière de défense:

  • Quel impact de l’IA sur les systèmes d’armes du futur et quelles conséquences sur le plan stratégique? 
  • En particulier, peut-on mesurer l’effet de l’IA et de l’automatisation en général sur le champ de bataille (alertes hyperrapides, déclenchement de la bulle aéroterrestre, aide à la décision, classification des menaces …) et dans le soutien (maintenance prédictive, jumeaux numériques …)?
  • Convient-il d’envisager, ou pas, un développement substantiel de cette automatisation? Et finalement, quelle part de l’homme et du commandement dans ce nouvel écosystème?

Sujet 5: Quels projectiles pour une artillerie plus performante dans une logique d’économie de moyens ? (Intervenant Bruno LASSALLE )

Les conflits qui dominent l’actualité, en Ukraine et au Proche Orient, illustrent l’importance des capacités de l’artillerie: précision, portée, mobilité, facilité et rapidité de mise en œuvre. En outre une logique d’économie de moyens s’impose pour tenir dans la durée. 

Parmi les efforts destinés à améliorer ces performances, l’essai réussi d’un obus équipé de statoréacteur a été annoncé en 2022. On peut observer que l’absence de pièces mobiles dans un statoréacteur permet d’espérer une amélioration de la portée à coût modéré par rapport à un obus de base ou une propulsion par fusée. D’autres pistes pourraient sans doute être imaginées.

Questions:

  • Quels enseignements tirés de l’usage dans les conflits récents de l’artillerie (au sens large: incluant obus, roquettes, missiles, drones armés, tirés de la surface) ? En conséquence, quelles capacités ou performances importe-t-il de privilégier pour l’avenir ?
  • Quelles pistes d’amélioration prometteuses peut-on identifier aujourd’hui? En particulier qu’en est-il de l’obus à statoréacteur ?
  • Quels aspects industriels convient-il de prendre en compte?


Groupes de réflexion 2023

Géostratégie et souveraineté

Sujet 1 : La question nucléaire après la guerre Russie-Ukraine

Depuis des années maintenant, les experts du nucléaire réfléchissent en s’appuyant sur une situation stable : neuf pays dotés d’armes nucléaires depuis l’accession au club de la Corée du Nord, un candidat qui n’arrive pas à se faire accepter (l’Iran), aucune percée technologique majeure (sauf peut-être l’hypervélocité et les planeurs orbitaux), pas de prolifération importante dans les Sous-Marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE), pas de nucléarisation de l’espace et pas de gesticulation nucléaire de la part des neuf membres dudit club (sauf un peu la Corée du Nord).

Les pays nucléaires ont pu perdre ou gagner des guerres, mais sans que leur arsenal nucléaire ait joué un rôle (États-Unis en Afghanistan ou en Irak, Israël au Liban, Russie en Géorgie ou en Crimée, France au Mali ou en Libye…).

Au cours de « l’opération militaire spéciale » menée en Ukraine par la Russie, celle-ci n’a pas employé l’arme nucléaire, du moins jusqu’à présent, mais a fait de la gesticulation et évoqué sa capacité nucléaire. En novembre 2022, on ne peut plus exclure avec une certitude comparable à celle qui prévalait auparavant l’utilisation par la Russie (voire par d’autres) d’un emploi tactique de son armement nucléaire.

Questions :

  • Cela change-t-il l’équation nucléaire de notre monde ?
  • Et cela change-t-il celle de notre pays ?
  • La France doit-elle maintenir sa capacité nucléaire sans changement : deux composantes, l’une aéroportée, l’autre sous-marine ?
  • Doit-elle aussi maintenir son discours fondé sur la défense des intérêts vitaux (et leur définition laissée dans le vague volontairement) et sur l’ultime avertissement ?

Économie de défense

Sujet 2 : Une nouvelle approche du maintien en condition opérationnelle

Il est constaté une inquiétude grandissante autour d’une situation qui se pérennise : des niveaux de disponibilité des matériels militaires historiquement faibles en dépit de budgets croissants affectés à leur entretien. Le maintien en condition opérationnelle (MCO) des équipements militaires s’affirme donc comme un enjeu central au sein du ministère des Armées. Il détermine directement la capacité de projection des armées mais également – thème nouveau depuis le conflit ukrainien – la faculté de la France à répondre à des combats de haute intensité.

Questions :

Le groupe cherchera tout d’abord à identifier les origines de cette situation. Par rapport aux nombreux rapports qui ont étudié le sujet, il est proposé une approche inédite : celle de la multidisciplinarité. L’idée étant ici de croiser les raisonnements d’experts militaires, d’économistes, de maîtres d’oeuvres, d’industriels, de juristes, de financiers, etc. dans l’optique d’apporter un regard original.

Au-delà de l’identification des causes, et sur la base de son prisme novateur, le groupe de réflexion ambitionnera de modifier la démarche du MCO actuellement en vigueur au sein du ministère. Plus spécifiquement, ses recommandations pourront notamment porter sur :

  • la structuration et la pérennité de la base industrielle et technologique de défense (BITD) afin d’améliorer la coordination entre la production des «équipements militaires et les demandes des armées de façon à en faciliter l’entretien ;
  • la stratégie de contractualisation du ministère des Armées favorisant, par exemple, la visibilité des industriels sur les besoins des forces à long terme ;
  • la structuration des marchés de défense (en particulier concernant l’opportunité de transformer des marchés de gré à gré en marchés concurrentiels, ou inversement, via l’introduction de prestataires internes à l’instar du Service industriel de l’aéronautique) ;
  • la modification de la comitologie des investissements afin d’adapter son fonctionnement aux contraintes industrielles ;
  • des principes de rationalisation de gestion des stocks des pièces de rechange.


Armements et technologies

Sujet 3 : Les armes de l’influence

Un groupe de réflexion du cycle 2012-2014 Géostratégie et armement au XXIème siècle avait pour thème « Nouvelles armes psychologiques et stratégie d’influence ». Il concluait : « L’heure est donc venue d’élaborer une stratégie globale d’influence française, tant défensive qu’offensive, dans laquelle la défense et l’armement ont toute leur place. »

Dans la revue nationale stratégique 2022, l’influence est érigée en fonction stratégique, volet essentiel à l’expression de puissance. Les techniques d’information (et de désinformation !) et de communication (un des supports majeurs de l’influence, mais pas le seul) ont explosé. Il y a plus de 5 milliards d’internautes dans le monde.

De plus en plus d’États manifestent leur ambition de puissance par des actions dites de « soft power », dont l’influence est une composante. La France possède d’incontestables atouts en tant que puissance d’influence. Dans son récent discours aux ambassadeurs, le président de la République a souligné que la France se doit d’assumer totalement une stratégie d’influence et de rayonnement. Les actions d’influence s’exercent dès le temps de paix. Si nécessaire, pour cadrer le thème, le groupe pourra se concentrer sur les temps de crises ou de conflits (en particulier la guerre hybride, par procuration, de substitution) et le terrorisme.

Questions :

  • Quelle défense face aux actions d’influence adverses ?
  • Quelles capacités et quelles armes d’influence offensives développer? Comment les mettre en oeuvre et par qui (Viginum*, les armées, les ambassades,…) ?
  • Quelles coopérations (européennes) envisager ?

*Le service technique et opérationnel de l’Etat chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères.

Sujet 4 : Souveraineté, sécurité et technologies numériques

L’écosystème numérique recèle aujourd’hui de multiples vulnérabilités et points de faiblesse. Il est source d’émissions de gaz carbonique (entre 2 à 4% des émissions mondiales, essentiellement dues à la phase de fabrication), de consommation d’électricité et d’eau (la dernière pénurie de composants électronique a commencé avant la crise Covid, à cause des restrictions d’eau dues à la sécheresse à Taiwan), de besoins en terres rares. Les comportements des consommateurs et les nouveaux usages aggravent cette situation.

Quant aux vulnérabilités associées à la conception et à la fabrication des composants matériels, des rapports de 2011 et 2012 mentionnent un pourcentage élevé de contrefaçons et de non fiabilités au sein des composants de l’industrie aérospatiale et de défense aux Etats-Unis. La question de sous-traiter une fabrication de puces électroniques à un fondeur tiers pose la question cruciale de la confiance. Actuellement, le monde entier sous-traite ses technologies de pointe au taïwanais TSMC.

L’Europe ne réalise plus que 6 à 7% de la production mondiale de puces électroniques. Par ailleurs, le risque cyber existe d’abord parce qu’il y a des failles béantes dans les logiciels : au moins 40 nouvelles failles détectées par jour dans le monde (source : gendarmerie), d’où une course sans fin entre faille / détection de faille / patchs de mises à jour … Plutôt que de culpabiliser les utilisateurs finaux (« il ne fallait pas cliquer sur la pièce attachée »), peut-être faudrait-il d’abord assainir l’écosystème de production de logiciels. Tandis que les actes de malveillance ou d’espionnage économique utilisent de multiples moyens : logiciels espions (Pegasus) ou malveillants « grand public », fausses vidéos ou informations « tatouées »…

Questions :

  • A partir d’un état des lieux des faiblesses actuelles (matériels, logiciels, dépendance vis-à-vis de grandes plateformes), peut-on imaginer des stratégies réalistes pour développer:
  • de nouvelles filières matérielles à partir de concepts innovants (pas de conflits historiques) tels que : nanoprocesseurs pour un internet des objets de confiance, microprocesseurs pseudo neuromorphiques dédiés à l’intelligence artificielle, stockage et calcul à base d’ADN, composants et calculateurs quantiques, authentification des images à la source ?
  • Des alternatives aux GAFAM (ou BATX) et aux grands outils de gestion des données ou de renseigement (Palantir…) à partir de sources ouvertes ?
  • Une informatique en nuage (« cloud computing ») souveraine, au niveau français ou européen.
  • Quelles recommandations en conséquence ?


Groupes de réflexion 2022

#1 Géostratégie & Souveraineté

Animateur

Philippe Migault

1.1. Politique de la France dans la zone Indo-Pacifique (Alain Crémieux) 

La France à la suite de Magellan

La France est présente dans l’Océan Indien (La Réunion, les îles éparses, les Terres Australes…) et dans l’Océan Pacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Clipperton…). Cela lui donne un très grand espace économique exclusif et des bases navales servant de points d’appui à sa Marine. Cela lui donne aussi des responsabilités et notamment celle de défendre ces territoires et leurs voies d’accès.

La France dispose en conséquence, avec les autres membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, d’une Marine dotée de navires de surface (y compris un porte-avions) et de sous-marins (SNLE et SNA) ainsi que d’une Armée de l’Air et de l’Espace globale.

Cette situation, issue de son histoire et des caractéristiques particulières de la disparition de son empire, est exceptionnelle dans le monde du vingt-et-unième siècle. Dans quelle mesure influe-t-elle sur ses besoins en armements maritimes, aéronautiques et spatiaux ?

1.2. L’influence de la Chine en Afrique (Gérard Dugard)

Les forces armées, sociétés militaires privées (SMP) et l’industrie d’armement chinoises sont les piliers et les vecteurs majeurs de l’influence (soft power) de la République populaire de Chine en Afrique, pour la mise en place des nouvelles routes de la soie. 

Le développement de la marine de guerre chinoise (porte-avions, transports de troupes et de débarquement,… ) participe à la lutte anti-piraterie dans golfe d’Aden, lui permettant de naviguer dans des zones hors des sphères d’influence traditionnelles. A cet égard, l’installation d’une grande base navale à Djibouti, pivot stratégique, offre un accès privilégié au détroit de Bab El Mandeb ainsi qu’à la Mer Rouge et au Canal de Suez. 

Dans cette lignée, la multiplication des accords de coopération militaire en Afrique, par le biais de la formation, la vente et le don d’équipements militaires (armes légères, véhicules, blindés et hélicoptères…) ou encore, la construction d’usines d’armes légères et de munitions, notamment au Soudan, au Zimbabwe et au Mali, sont autant d’exemples de l’extension de la zone d’influence chinoise.

En quête de partenariats gagnants-gagnants sur le plan économique, la Chine est aussi le deuxième contributeur au budget des Opérations de maintien de la paix de l’ONU. Elle fournit, pour l’instant, des contingents limités, principalement non-combattants (génie, santé), des observateurs civils et militaires, afin d’afficher une posture de neutralité.

Sa doctrine, cependant, évolue et semble s’orienter vers l’envoi de contingents de troupes de combat, comme c’est le cas au Sud-Soudan, par exemple, même s’il ne s’agit que de protéger les autres détachements chinois non-combattants. 

Dans le cadre des « nouvelles routes de la soie », la Chine développe des SMP afin de protéger ses chantiers et autres installations. Par exemple, La Beijing DeWe Security Services Limited Company aurait un centre de formation près de Pékin où une ville de combat a été construite. Elle recrute parmi les forces armées et de sécurité chinoises pour l’encadrement de personnels locaux en Afrique. A l’étranger, le groupe installerait deux camps sécurisés, l’un en Centrafrique, l’autre au Soudan du Sud. Il possèderait également un centre de formation au Kenya…

Dans ce qui est (était ?) leur « zone d’influence » , la France ou d’autres États européens (anciennes puissances coloniales) risquent de se trouver en compétition, voire confrontation avec la Chine.

#2 Economie de défense

Animateur : Grégory Chigolet

2.1 Armements interdits (Gérard Dugard)

Quelles évolutions envisageables dans les traités d’interdiction ou de limitation d’armements ?

Charte de l’ONU Article 26 : afin de favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde, le Conseil de sécurité est chargé, avec l’assistance du Comité d’état-major prévu à l’ article 47, d’élaborer des plans qui seront soumis aux Membres de l’Organisation en vue d’établir un système de réglementation des armements. La convention de Genève fixe le cadre général de l’usage des armements dans la guerre. Des traités ou conventions interdisent certaines armes : chimiques (CICIAC), biologiques (CABT), à sous-munitions (à dispersion)…

La Convention de 1980 sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques comporte 5 protocoles relatifs aux armes à éclats non localisables, aux mines terrestres (antipersonnel ou anti véhicules), aux armes incendiaires, aux armes à laser aveuglantes, aux restes explosifs de guerre. Le Code de conduite de La Haye (HCOC) mène des actions contre la prolifération des missiles balistiques. L’ICAN (Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires.) a ainsi fait adopter par l’ONU en juillet 2017 un texte d’interdiction des armements nucléaires, en prolongement du TNP. 

Le traité d’interdiction des armes nucléaires, signé par 84 pays, entrera en vigueur le 22 janvier 2021, après la ratification du 50ème Etat. 

A contrario, le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) a été suspendu en février 2019. La question se pose de la prolongation d’une durée de cinq ans du traité sur les armes stratégiques qui arrive à échéance en 2021.

Le traité sur le commerce des armes a été ratifié (ONU) en 2014. Le commerce de certaines techniques est aussi contrôlé : biens à double usage (Wassemar), missiles (MTCR), …

Des dispositifs de contrôle sont en œuvre : Ciel ouvert 

Le trafic existe. Des organisations terroristes peuvent disposer de ces armes.

Tous les Etats n’ont pas signé ou ratifié ces accords. 

Quel bilan : Enseignements tirés de la mise en œuvre ? Efficacité vis à vis de la prolifération de ces armes diverses ? Impact sur les ventes d’armement (concurrence) ?

Quelles perspectives : Multiplication des signataires ? Universalité ? Autres interdictions : robots armés (armes létales autonomes), cyberarmes, combattant augmenté, armes spatiales, IED (EEI), armes explosives en zones peuplées, missiles hypervéloces… 

#3 Armement & technologies

Animateur : Emmanuel Le Gouguec

3.1. Motorisation future (Mars Chassilian)

Le monde du transport est en train de vivre une révolution à marche forcée : la suppression des véhicules diesel et thermiques à horizon 2035 modifie structurellement l’ensemble de la chaîne logistique. Les fabricants de technologie se développent en Asie, où la production de batterie, la main mise sur les terres rares, et le développement des électroniques déstabilisent un tissu industriel européen (ex : fonderie SAM, injecteurs diesel Bosch Rodez, …). Cette évolution s’accompagne d’un cadre réglementaire contraignant pour la chaîne industrielle des carburants fossiles.

La performance de la BITD s’appuie sur une activité duale, profitant des volumes du civil pour permettre la continuité des activités militaires. Les cycles de développement des programmes d’armement ne sont actuellement pas compatibles avec l’avancée des technologies civiles.

Les limites de la décarbonation ne sont actuellement pas comprises : la performance des applications militaires est directement impactée par les nouvelles solutions en termes de capacité (volume, autonomie, vulnérabilité …).

Dans une vision prospective, quelle motorisation pour les armées à l’heure de l’électrification/hydrogénation des plateformes civiles et la disparition de la base industrielle associée ?

Comment assurer la continuité des opérations en haute intensité lorsque la chaîne industrielle des équipements actuellement mis en service aura disparu ? Est-ce que ce scénario est réaliste ? Quelles sont les alternatives crédibles ?

→ Il est encore possible de rejoindre le groupe de travail en écrivant à gra@aed-ihedn.fr 


3.2. Innovation(s) et cas d’usage (Bruno Lassalle)

L’innovation et, plus généralement, les technologies innovantes sont au cœur des logiques de défense et la supériorité de nos forces dépend de leur exploitation judicieuse dans le but de démultiplier et de diversifier les effets pour surprendre l’adversaire. Des organismes, comme l’Agence de l’Innovation de Défense et les entreprises de la BITD sont des acteurs majeurs de cette démarche. Ils développent des moyens performants et parfois coûteux pour répondre au besoin.

Le monde civil a, de son côté, développé de nombreuses innovations sur des cycles courts ou avec des moyens plus réduits faisant désormais partie de notre quotidien. L’innovation d’usage, orientée sur le client et la mise en forte concurrence, a pu créer des solutions de rupture performantes en associant des technologies existantes (ex : Waze) ou en créant un écosystème ouvert et bouillonnant (ex : Unreal / Metaverse).

Dans le domaine militaire, les récents succès opérationnels de moyens techniquement simples ou s’appuyant sur des moyens civils détournés de leur emploi initial, tels que les drones turcs Bayraktar TB2 ou les actions sur les réseaux sociaux ont également permis de produire des effets aussi importants qu’inattendus.

De nouvelles voies technologiques sont susceptibles d’être exploitées dans l’avenir au profit de la défense. Parmi ces voies, l’exploitation des nanotechnologies peut faciliter le développement d’une robotique militaire miniaturisée, la propulsion par statoréacteur appliquée aux obus d’artillerie peut apporter une allonge des portées avec des munitions sans pièces mobiles ni comburant, enfin la conception de sous-munitions « dronisées » pour l’artillerie peut transformer l’efficacité des frappes par la diversité des effets.

Il est intéressant d’évaluer si ces voies sont réellement prometteuses, dans la mesure où elles sous-tendent une rupture capacitaire capable de provoquer une surprise opérationnelle au profit de ceux qui sauront les développer.

Au-delà des considérations technologiques, quelles sont les recommandations ou les méthodes qui favorisent la construction de cas d’usages pertinents ? Les cas d’application permettront de s’appuyer sur des méthodes innovantes (ex : démarche C-K, design thinking, …).  

→ Il est encore possible de rejoindre le groupe de travail en écrivant à  gra@aed-ihedn.fr 


#4 Ethique & armement

Responsable : Corinne Lagache

4.1. Finance durable & défense (Damien Concé)

Jusqu’à présent, essentiellement des raisons pratiques expliquaient le manque de soutien financier privé au secteur de la défense : lourdeur et imprévisibilité des procédures de marché public, allongement des délais de paiement, incertitude sur le volume final de la commande publique tout au long de l’exécution des contrats, restrictions aléatoires à l’exportation…

Par ailleurs, le recours aux introductions en bourse à Paris était aussi illusoire vu le manque de profondeur du marché boursier hexagonal et le manque d’intérêt des investisseurs internationaux pour les sociétés cotées en France.

A ces limites, qui restent toujours d’actualité, s’ajoute un nouveau péril : l’exclusion des industries de défense des critères de l’investissement socialement responsable. Ce péril qui n’est aujourd’hui effectif que par l’attitude « supra legem » de comités des risques ou de responsables de la conformité KYC/AML, peut trouver rapidement sa consécration dans les normes européennes et nationales.

Comment inclure les notions de « souveraineté et de résilience » dans les critères ISR/ESG/SFDR afin de lever les freins au financement privé des industries de défense et des start-ups duales ?

Quelle alternative à la vente à des groupes étrangers ou à une cotation sur des marchés étrangers (NASDAQ) pour les pépites stratégiques en phase d’industrialisation de leur production (TRL 7+) ?

Les relations entre « finance durable » et « défense » sont, aujourd’hui, pratiquement exclusivement examinées sous le prisme des finances publiques, de la Loi de Programmation Militaire et de la commande publique. Or le développement des innovations civiles de rupture et les contraintes générales des financements privés ont un impact de plus en plus prégnant sur la BITD et une toute nouvelle catégorie d’acteurs économique (Fonds de Capital Risque, Private Equity, Comité des Risques, Agences de Notation ISR/ESG/SFDR …) prennent des décisions pouvant avoir un impact majeur sur la souveraineté et la résilience nationale sans disposer d’une solide culture de « Défense ».

L’objectif initial est de faire rayonner l’esprit de défense dans ces communautés et de les attirer vers les cycles de formation de l’IHEDN grâce au pont constitué par l’étude de thématiques charnières entre leurs pratiques professionnelles et le monde de la défense

L’objectif secondaire est de susciter un débat permettant de poser les principes d’une solution pragmatique et réaliste permettant de lever des blocages concrets au développement de la BITD.

L’effet indirect recherché est de placer 3AED-IHEDN en mesure d’exploiter pleinement ses atouts (imbrication avec la BITD…) et permettre à l’IHEDN d’investir le champ de la « Finance ».


Groupes de réflexion 2020-2021

#1 Souveraineté technologique & BITD européenne

Responsable : Patrick Michon.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

Souveraineté technologique européenne : mythe ou réalité ?
Autres conditions nécessaires et suffisantes pour l’existence et le développement d’une BITD européenne ;
État de l’art actuel ;
Objectifs à atteindre en 2035, crédibilité de la BITD Européenne à cet horizon ;
Relations avec les autres BITD, co-développements potentiels (USA, Inde, Brésil, Russie, Chine…).

#2 Désengagement US & OTAN

Responsable : Alain Crémieux.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

Impact de la réorientation de la politique US vers le Pacifique et des évolutions de notre environnement plus proche (Turquie…).

#3 La guerre des drones 

Responsable : Dominique Costargent.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

Évolutions des concepts d’emploi, des autres armements… liées à l’arrivée à maturité et la prolifération des drones dans les différents milieux.

#4 Groupe éthique : armement & risques psycho-sociaux 

Responsable : Jacques de Cordemoy.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

Poursuite des réflexions sur éthique et Intelligence artificielle.

#5 Innovation & armement en lien avec l’UNION-IHEDN

Responsables : François Lefaudeux et Jean-Pierre Cornand.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

L’innovation, chance, contrainte ou défi pour la France.

#6 Relire nos rapports une génération après

Responsable : Jean-Pierre Cornand.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

Relire à tête reposée nos rapports… une génération après, de façon à en tirer des enseignements nouveaux, et rapporter alors à ce propos (sur l’évolution dans le temps du même sujet ; sur les acteurs impliqués ; sur la modification des contextes qui influençaient le sujet ; sur les erreurs manifestes, méthodologiques ou de fond, et pourquoi ? sur les problématiques initiées à l’époque particulièrement fécondes, et pourquoi ? etc…).

#7 Menace de l’islamisme

Responsable : J. Le Seac’h.
Contact
 :  graed.3aed@aed-ihedn.fr
Groupe de réflexion lancé en janvier 2020.

Cette nouvelle forme de totalitarisme après le communisme et le nazisme est-elle en train de se répandre comme modèle de civilisation ? Quels sont les vecteurs de l’islamismes comment fonctionnent-il, quelles sont les stratégies de conquêtes, comment fonctionnent-il ? comment convainc-t-il ?

Groupes de réflexion 2018-2020

« Quels partenariats de la France dans le monde islamique »
Responsable : Gérard Dugard.
Lancement en 2018.

Télécharger le rapport « Quels partenariats de la France dans le monde islamique ? ».


« Retour vers le futur » : l’état mondial des BITD en 2035-2040
Responsable : Patrick Michon.
Lancement en 2018.

Télécharger le rapport “Nouvelles Alliances, Nouveaux Conflits. « Retour vers le futur » : les BITD qui seront (peut-être) matures en 2035″.


La guerre dans l’espace
Responsable : Alain Crémieux.
Lancement en 2018.

Télécharger le rapport “Nouvelles Alliances, Nouveaux Conflits. L’arsenalisation de l’espace ».


Groupe éthique : éthique & IA
Responsable : Jacques de Cordemoy.
Lancement en 2018.