TÉLÉCHARGER LE RAPPORT

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a eu soixante-dix ans le 4 avril 2019. Au cours de cette période d’une exceptionnelle longueur, elle a gagné une guerre et surmonté plusieurs crises.

Elle a gagné la guerre froide, mais sans tirer un coup de fusil. La victoire a été obtenue par abandon de l’adversaire et effondrement sur lui-même du système instauré par l’Union so- viétique en Europe de l’est. Il faut en rechercher les causes dans les faiblesses inhérentes au système de l’URSS et non dans une efficacité de l’Alliance qui a certes dissuadé Moscou de tenter d’élargir son influence jusqu’à Brest mais n’a pas eu à être testée.

Elle a réussi plus ou moins bien (ou plus ou moins mal) dans les conflits dans lesquels elle a été engagée, au Moyen Orient, dans les Balkans ou en Afghanistan.

Elle s’est élargie. Douze pays avaient signé le traité de Washington. Les membres de l’Otan sont aujourd’hui au nombre de trente, le dernier à avoir adhéré étant la Macédoine du Nord.

Elle a survécu à la crise de Suez et au départ de la France de la structure intégrée. Elle a réussi à surmonter les désaccords, parfois majeurs, qui ont pu survenir entre pays de l’Alliance (guerre du Viêt-Nam, deuxième guerre du Golfe…).

Cette histoire est incontestablement une success story.

Et pourtant, l’Otan est en crise. Le président de l’un de ses membres fondateurs a pu dire qu’elle était en état de mort cérébrale sans qu’il s’ensuive une crise diplomatique. Le comportement de la Turquie ne plaît guère aux autres membres et semble inquiéter la Grèce au point de lui avoir fait passer une commande de dix-huit Rafale à l’improviste. Le président Trump a pu évoquer la sortie des États-Unis de l’Organisation sans que la terre s’ouvre sous ses pieds.

Ces signes ne sont pas des augures de bonne santé et la plaisanterie prêtée à un diplomate russe comme quoi son pays avait fait beaucoup de mal à l’Otan en le privant de son ennemi était peut-être, justement, plus qu’une plaisanterie.

L’Otan a mené, au cours de l’année 2020, malgré des conditions sanitaires défavorables, un examen de conscience réalisé par un groupe d’experts (dont Monsieur Hubert Védrine pour la France) et intitulé Otan 2030.

Il n’était donc pas hors de propos de s’interroger sur l’avenir d’une organisation à laquelle la France participe depuis sa fondation et qui constitue, avec la dissuasion et la possibilité de conduire seule des OPEX, l’un des trois piliers de sa défense.

Cette étude, menée de janvier 2020 à juin 2021 a permis d’aboutir au rapport qui suit dont les conclusions s’appuient sur différents scénarios. Ces scénarios dépendent de la manière dont s’articuleront dans l’avenir les différentes conceptions de l’Otan qui prévalent au sein de ses pays membres :

  • Élément d’une stratégie mondiale pour les États-Unis.
  • Double lien avec le continent d’une part et avec les États-Unis d’autre part pour le Royaume-Uni.
  • Protection contre une Russie toujours vue (à tort ou à raison) comme hostile pour ses anciens satellites et sans doute aussi pour l’Allemagne.
  • Organisation multiplicatrice de puissance en vue de contrer une attaque de quelque côté qu’elle vienne ou d’organiser une OPEX en cas de besoin pour tous les pays, dont la France.