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Les crises économiques, sanitaires, écologiques puis sécuritaires ont ré- vélé les fragilités et réaffirmé les besoins essentiels de nos sociétés. Les attentes des Européens ont alors rapidement évolué et les notions de sécurité, de défense, de souveraineté, de réindustrialisation et de relocalisation sont revenues dans le débat public alors que la chute du mur de Berlin et une vision idyllique de la mondialisation les avaient jusqu’à présent occultées.

Mais par-delà ces crises qui peuvent être éphémères et successives, le monde occidental connaît une mutation de fond qui prend l’aspect de mutations sociologiques internes et du développement de conflictualités protéiformes.

Ces mutations s’incarnent dans la contestation des « autorités », la dé- fiance vis-à-vis des tiers de confiance et une résistance aux organisations verticales et hiérarchiques.

Par ailleurs le développement des conflits hybrides, d’alliances interé- tatiques ambiguës, de concurrences intermittentes et d’interdépendances fragilisées crée un climat d’insécurité.

Enfin, l’opinion publique qui était la force des démocraties est devenue une fragilité lorsque les industries de souveraineté et de résilience sont les cibles de « cognitive warfare ».

Dans ce cadre, les prémices d’une réaction institutionnelle peuvent s’ob- server en Europe quand celle-ci affirme être sortie d’une « ère de la naïveté » ou lorsqu’elle adopte une boussole stratégique.

Mais il y a encore la place pour une proposition de réponse sociale qui permette à chacun d’agir pour ne pas subir.

Il manque une politique qui permette de répondre au sentiment d’incerti- tude, d’insécurité et de sidération par une proposition de participation directe des citoyens à la souveraineté et à la résilience de leur société.

Car il convient de tirer les leçons des ruptures d’approvisionnement de produits essentiels, mais aussi stratégiques et de l’irruption de la guerre en Europe pour réévaluer le poids relatif de chaque aspiration sociale dans le cadre du changement climatique.

Il convient enfin de lever les freins existants et d’imaginer des solutions innovantes permettant de répondre de manière agile aux prochaines crises. À cet effet, il est proposé de construire la coopération public-privé en matière de financement des industries de souveraineté et de résilience sur la base de recommandations pratiques :

  • Extension de la compétence de la Délégation parlementaire au renseignement ;
  • Création d’un label «Souveraineté et résilience» ;
  • Création d’un Institut « Souveraineté et résilience » pour la gestion de ce label ;
  • Création d’un marché pour produits labellisés : fonds, livret, inclusion des actifs labellisés dans les actifs de placement des caisses de retraite, dans les fonds propres des compagnies d’assurance et au sein de tous les produits financiers bénéficiant d’un régime fiscal de faveur ;
  • Création d’un régime de faveur pour les organismes de financement spécialisés « Souveraineté et résilience » leur permettant d’émettre des « obligations perpétuelles » bénéficiant de la garantie d’État ;
  • Promotion, dans le cadre d’InvestEU, de la Boussole stratégique et des chantiers prioritaires définis par le sommet de Versailles des 10 et 11 mars 2022, d’un mo- dèle de véhicules hybrides de financement des PME-ETI stratégiques européennes ;
  • Développement d’une « Taxonomie Souveraineté et rési- lience » au sein de l’UE.