Le sous-titre « Regards croisés » mérite une explication.

Les groupes de réflexion de l’AACHEAr ouverts depuis plusieurs années aux auditeurs de toutes les sessions nationales et régionales de l’IHEDN et maintenant aussi aux auditeurs de l’IHESJ, traitent de sujets très variés intéressant la défense nationale. La dissuasion est régulièrement l’objet d’un examen approfondi de la part de ces groupes, sous ses différents aspects : doctrine, évolution technique, adéquation de la force de dissuasion française aux besoins, ceci en prenant en compte d’aussi près que possible l’évolution de l’environnement géostratégique de la France; les aspects économiques n’ont, non plus, jamais été négligés, ils prennent un relief particulier en ces périodes de déficit chronique du budget de l’État.

Enfin, les aspects éthiques ont également été traités par le groupe de réflexion permanent « Éthique des armements ».Différentes raisons ont conduit les auditeurs intéressés par ce sujet à reprendre plus profondément que d’habitude les données de la dissuasion , tant dans son concept général , non entièrement spécifique à la France, que dans l’analyse du cas particulier de la dissuasion française. Deux familles de raisons ont conduit à cette reprise en profondeur :

  • l’évolution du contexte géostratégique : la dissuasion en général, la dissuasion française aussi en conséquence, a été une première fois remise en cause avec la chute de l’URSS, mais les trois puissances occidentales dotées d’armements nucléaires n’avaient pas alors jugé opportun de se désengager de cette doctrine et des moyens y afférents. Depuis, des attaques nouvelles, très différentes, sont apparues qui mobilisent des ressources importantes (notamment celles liées à l’instabilité du Moyen-Orient), menaces d’une nature telle que la dissuasion ne peut nous en protéger (ce qui ne constitue en aucune façon une surprise , ceci avait été théorisé dès les premiers balbutiements de la doxtrine de la dissuasion nucléaire , tant par ses penseurs et théoriciens américains que français) ;
  • l’élargissement , au demeurant bienvenu, de la fraction des auditeurs de l’ancien CHEAr comme de l’IHEDN ou de l’INHESJ portant intérêt au sujet , notamment pour la raison citée à l’alinéa précédent du décalage entre les menaces dont nous protège (ou pour certains est censée nous protéger) la dissuasion et celles , immédiates , résultant de la situation chaotique du monde qui nous environne et dans lequel nous sommes même directement plongés (attentats aveugles , décomposition inquiétante de l’Europe…).

C’est pour ces différentes raisons que la présentation de ces travaux prend un aspect inhabituel. Ce document est divisé en deux parties que l’on s’est appliqué à rendre aussi synthétiques que possible.

La première partie s’efforce de présenter les données de la réflexion sur le nucléaire militaire de manière aussi factuelle que possible : rappel de la doctrine classique de la dissuasion nucléaire ; aspects techniques ; aspects sociétaux ; aspects économiques. Elle est complétée par une série d’annexes placée en fin d’ouvrage, dans lesquelles ont été reportées les données les plus techniques.

La deuxième partie aborde des sujets plus discutés ; les arguments en faveur du maintien de la dissuasion nucléaire française et ceux en faveur d’un abandon de notre «force de frappe » sont présentés dans deux chapitres sous forme de contributions personnelle pour l’une ou personnelle-collective pour l’autre. Si elles n’engagent que leurs auteurs, elles sont cependant considérées comme intéressantes par l’ensemble des participants comme permettant aux lecteurs de mieux situer les points les plus en débat et les enjeux de ces débats…

Dernier élément introductif , trois sous-groupes principaux ont travaillé en parallèle , en tentant de se répartir les thèmes (aspects politiques et de doctrine – aspects techniques – aspects socio-économiques) . Ils ont chacun établi une première rédaction de leurs réflexions. Une première fusion des textes de deux des sous-groupes a été réalisée par le président de l’un de ces sous-groupe . La présente rédaction constitue une fusion-synthèse de l’ensemble des matériaux rassemblés et fournis par ces trois sous-groupes et dont la rédaction avait déjà été retravaillée entre les membres de ces sous-groupes et de nouveaux participants . Elle a reçu l’approbation des participants à un stade ou à un autre de cette élaboration dont la liste figure ci-après. Quelques participants ne se reconnaissant pas dans cette rédaction finale ont souhaité que leur nom ne figure pas parmi les contributeurs ; ceci est leur droit le plus élémentaire .

Pour plus de clarté , deux contributions ,(respectivement chapitres II-4 et II-5) sont signées , l’une de manière individuelle ,l’autre collectivement : ces deux chapitres listent de manière volontairement contradictoire les arguments en faveur ou contre la dissuasion française ou son abandon unilatéral. L’auteur final de la présente compilation , François Lefaudeux , signe le dernier chapitre de ce rapport : écrit bien après la fin des travaux du groupe de recherche et , de plus , par quelqu’un qui n’y a pas participé, ce chapitre n’a en effet pas été soumis à l’approbation démocratique du groupe …. Tout ceci justifie pleinement le sous-titre « Regards croisés » de cet ouvrage !

 

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